Les récits citoyens de l'Assemblée des imaginaires
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L'histoire de Louise
En 2050, le monde comme on le connaît aujourd’hui n’existe plus. L’industrialisation et la mondialisation se sont effondrées. La différence entre continents est énorme :
- L’Asie est très technologique, très “connectée”. Le continent est envahi de buildings, les cultures ont lieu en serre, les rails de tramway sont au-dessus des immeubles. On mange facilement des pilules en guise de repas. Tout coûte très cher parce que la technologie fonctionne essentiellement avec le recyclage des déchets dans l’océan.
- L’Amérique du Nord est un pays d’immigration qui a beaucoup de mal à s’adapter à l’effondrement de la surconsommation. Il y a beaucoup de personnes pauvres et c’est le continent qui reçoit le plus d’aides internationales pour se réadapter à cette nouvelle société.
- L’Amérique du Sud s’est unie en un seul pays multiculturel, très safe, plein de gens de bonnes intentions et où tout le monde à sa place. Il y a peu d’inégalités, les ressources sont réparties. C’est l’image même du continent de Cocagne.
- En Europe, le continent est très hippie. On a majoritairement déconstruit les villes, les gens se déplacent essentiellement en vélos et en train ou tram. Il n’y a plus d’immeubles.
- En Afrique, l’évolution de la politique est immense et le continent est un peu moins chaud qu’auparavant. L’écologie a pris une grande place et les technologies intelligentes sont nombreuses, pour aider l’environnement.
Tous les jeunes ont le droit à un seul voyage en avion. À 20 ans, après avoir passé leur “bac”, une équivalence à celle que l’on connaît - mais qui nous fait étudier des choses sensées comme l’agriculture, le maraîchage, la couture, la cuisine, le bricolage, le recyclage - ils reçoivent un billet d’avion de l’ONU et doivent passer un an dans le pays inscrit sur le billet. C’est un voyage initiatique à l’issue duquel ils peuvent choisir d’entamer des études, travailler, déménager (de manière alternative), aider leur prochain… Louise a 20 ans. Elle vit dans la campagne française avec ses deux parents, hippies avant-gardistes du XXIème siècle, qui ont participé à construire le monde qu’elle connaît aujourd’hui. Elle se rappelle quand elle était toute petite, quand ses parents l’emmenaient dans des manifs pour les retraites, pour la surconsommation, pour des alternatives au tri des déchets. Elle se rappelle de l’enseigne rouge et jaune, des rasoirs roses et bleus, les autodafés de vêtements chinois en Europe et les Reese’s de son enfance, qu’elle avait le droit de manger si elle créait une valeur ajoutée à partir des emballages. Elle n’en a plus mangé pendant 5 ans. Le chocolat ne se commercialise plus depuis longtemps. Dès le lycée, elle s’est mise à cultiver dans sa propre serre, des cacahuètes et du chocolat… Le plus naturellement possible, en tenant compte de la météo, de l’eau etc. Au bout d’un an et demi, elle a réussi à faire son premier “Louisee’s” : une imitation certes moins bonne et plus saine, mais en réalité, c’était le mieux que l’on puisse obtenir dans ses conditions. Elle a commencé à le vendre et à se faire de l’argent, pour le jour où elle devrait partir. La date de son départ approche. Elle va quitter tout ce qu’elle connaît pour la Corée, un pays aux antipodes de tout ce qu’elle connaît. Elle vit dans un immeuble immense, elle voit les trains aériens au-dessus de la ville et au début, la nouveauté est très oppressante. Petit à petit, elle se fait des amis, rencontrés dans l’avion (que des jeunes qui vivent la même expérience qu’elle). Ils s’habituent ensemble à cette nouvelle vie, recréent une forme de communauté et évoluent ensemble pendant cette année-là. Une fois, alors qu’elle fait les courses dans un hypermarché sous serre, elle se retrouve prise dans un mouvement de foule, à cause d’un grand feu allumé par des terroristes de l’ancien monde : les consuméristes. Par des actions sporadiques, ils cherchent à recréer le monde qu’ils ont connu et arrêter les avancées mondiales pour retrouver le fioul, le fric et la fast-fashion. Puisqu’elle a beaucoup étudié les systèmes d’agriculture écologique, ces connaissances lui permettent de déclencher le système d’arrosage d’urgence et de faire évacuer les civils. S’il fait bon vivre en 2050, on n'arrête malheureusement pas la connerie : le terrorisme existe encore. Cette fois-ci, pas de morts. Pour ses actes héroïques, Louise a la chance de repartir avec des graines de cacahuètes à faire pousser chez elle, dans sa Drôme natale. Elle revient auprès de ses parents et décide de faire son combat personnel du terrorisme consumériste. Bon, tout en continuant à créer et manger des “Louisee’s” pour le restant de ses jours. Finalement, c’est assez logique quand on sait que son père allait brûler des champs de maïs transgénique avec sa grand-mère quand il était petit.
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